Où mène un romantisme viscéral.

Publié le par Palinodie

La brise se fait sentir lorsque le ciel se cache derrière le grand bé. Une auréole orange semble entourer le tombeau de mon maître. Et chaque soir, lorsque le ciel est bleu et que la mer est calme, c'est le même couronnement. Alors, je marche solitaire sur la grève. La mer s'est retirée, vers les îles anglaises emportant avec elle les joies d'une journée qui s'achève. Le sable humide accueille mes pas à cette heure tardive. Je sens le goémon et les murs encore chauds, de la ville dans mon dos. J'avance, doucement, vers ce rocher antique, ancien refuge des premiers hommes. L'herbe est haute mais un sentier se découvre à travers les écumes marines et les chardons piquants. Il a porté de nombreux pas. Pas de marins, de corsaires, de veuves aussi, qui s'avançaient pour mieux saisir en un regard mouillé de larme, la mer et ses voiles fugitives. Pas de jeunes garçons, d'enfants courants dans le sable clair et sur la pierre poussiéreuse. Pas de mon maître.

C'est lui que je viens chercher, chaque soir, sur cette hauteur écartée de la ville. D'ici, les remparts s'abaissent et la mer se fait plus calme. Le vent souffle toujours, mais il est caressant. Il vient de loin. Des Amériques, de Niagara et de Louisiane. Et j'aime imaginer sa course. Il a touché les joues brulantes de René, il a entouré comme un linceul entoure, le corps froid et lourd d'Attala suicidée, il a recueilli dans sa paume les larmes de Chactas l'inconsolé, avant de venir frapper les murs de la ville, de se frayer un chemin à travers les ruelles, et de mourir enfin, contre une porte cochère. Il est passé devant la tombe de mon maître, lui apportant alors la douce odeur des forêts immenses et des chutes d'eaux innombrables.

La nuit se fait plus dense, je ne vois plus la mer. J'approche de la tombe et n'entends pas de bruits. Mais je sens dans mon cœur mille mots, mille images, qui me viennent de lui. Et je refais tous ses voyages apercevant quelques rivages, un jour marqués de son sillage.

Je tends alors la main cherchant la pierre et la croix dure. Je ne vois rien. La nuit est d'encre. J'avance un pas, puis deux. Mais toujours rien.

Soudain, une auto passe au loin. Le rayon de son phare balaye l'étendue d'eau. Tout brille alors.

Je mis quelques secondes pour apercevoir au loin le grand bé et réaliser que je me trouvais sur le fort national.

Publié dans vie culturelle

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J
<br /> C'est steve mon copain qui m'a dit de venir voir ce que tu écrivais. Ca m'a bouleversé ! tu pense que tu pourrais m'apprendre ??? J'aimerai comme toi faire passer des émotions et faire vibrer<br /> jusqu'au fondement mon steve.<br /> <br /> <br />
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