Triste hisoire: mais n'y vois que des mots sans suite.

Publié le par Palinodie

S'il te plait mon amour, n'oublie pas ce soir là. Nous étions si tranquilles, adossés aux quais noirs, délaissés par la foule et baignés d'un vent froid.

Je revois les péniches, qui passaient, vagabondes, éclairant à moitié nos visages d'amants. Leur lourde coque sombre ressemblait dans la nuit à des vaisseaux fantômes. J'aimais te raconter des histoires ridicules et des contes d'enfants. Je faisais des yeux drôles, des grimaces de fous. Tu tremblais et tu montrais tes dents, tu avais peur, dans ce vent de l'hiver, de mes jeux formidables, jeux de sorciers galants. Je te serrais bien fort, te rassurant enfin. D'une oreille attentive, tu écoutais ces mots qui disaient tant d'amour et de beaux sentiments. La lune ne brillait pas, ça n'était pas Noël et il n'y avait pas de guirlandes amusantes. Seulement la nuit, le froid, le vent, l'ombre envahissante et la peur grandissante. Les passants rares et hâves, glissaient sur les pavés, jetant à peine un œil de notre côté. D'autres sentant le vin s'attardaient davantage, et leur regard rougeâtre perçait l'obscurité. On sentait leur haleine, l'odeur acre du vin, de la rue et des filles. Puis ils passaient aussi, n'osant mendier un sous, nous laissant seuls enfin, sur la rive pavée. L'eau du fleuve, ténébreux ce soir là, battait le flanc des quais, de coup longs et tranquilles, réguliers, effrayants. Il assaillait la ville, tentait de pénétrer sur ses places pavées, dans ses caves humides. Mais l'eau restait encore pour quelques décennies, dans ce vieux lit profond. Elle frôlait à peine nos pieds entremêlés, narguant la profondeur du fleuve millénaire. 

Au loin déjà semblait se dessiner l'aurore. Le bleu gagnait encore quelques lieux dans l'éther, délogeant un noir d'encre qui se terrait alors au-dessus des faubourgs, barrières populaires. Paris se réveillait. Et du côté des Halles, montait la rumeur des marchands de victuailles. On entendait des cris, des chocs, des grincements. L'odeur des cochons, des choux-fleurs et de l'ail signaient la fin des rêves et le début du jour. Alors nous nous levions, fatigués tout tremblant et posions sur la rue un pas encore bien faible. Nos têtes étaient lourdes et nos gestes maladroits. Et un camion passa. Il sentait l'ail aussi. Le soleil jetait ses rayons sur la rive, et les rayons glissaient sur la brume matinale. Et tout brillait: les façades et la Seine, la chaussée et nos yeux, le ciel et les autos. Et le camion passa, t'emportant sous ses flancs, dévorant ton visage. Pas un cri ne parti de ses roues rouges de ton sang. Tout brillait ce jour là: les façades et la Seine, la chaussée et nos yeux, le ciel et les autos. Et tout là-haut aussi, ton âme ravissante, ton sourire angélique. On ne voyait que toi. Je ne t'oublierai pas.

Publié dans message d'amour

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M
<br /> si mon amoureux pouvait écrire comme ça, je serais la plus heureuse des femmes. tu publies des choses ou pas ? parce que vraiment, je suis fan.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> La vache, trop beau ce que tu écris ! Moi, ça m'a vachement ému, t'écris trop bien ! T'as eu un bac L nan ?? Ca me fait autant vibrer qu'une chanson de LARA Fabian ! JE t'aime trop. Si mon petit<br /> ami pouvait écrire comme toi, avoir une telle sensibilité je serai le plsu heureux des hommes ! Mais il est trop bête...<br /> Bisous<br /> <br /> <br />
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